Par Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne et 1ere vice-présidente du MRC, mercredi 29 janvier 2014.
Une Assemblée qui joue avec la Constitution : voilà le spectacle désolant qu’a offert hier l’hémicycle dans lequel une majorité écrasante des voix de gauche s’est prononcée pour une révision de la Constitution en vue de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Inconscience ou frivolité, d’aucuns n’y ont vu que du feu, considérant la ratification ultime de la Charte comme un simple sauvetage de langues menacées de disparition. D’autres y ont vu un moyen servir leur clientèle locale et de promouvoir leur région.
Changer la Constitution n’est pas un acte anodin. Quand un pays dispose de tout un arsenal législatif pour financer l’enseignement en langues régionales et permettre toutes les actions favorables à leur rayonnement, on ne change la Constitution que pour aller plus loin, beaucoup plus loin.
Ne soyons pas naïfs, il s’agirait de passer par-dessus les principes qui défendent aujourd’hui la laïcité pour servir la soupe aux régionalistes les plus féroces : certains demandent déjà l’abrogation de la loi Falloux pour permettre de financer les investissements de l’école privée – laquelle prend en charge une part non négligeable des enseignements en langues régionales – , abrogation contre laquelle toute la gauche laïque s’était mobilisée début 1994 lorsque François Bayrou avait voulu y procéder. On vise aussi sans doute la création d’un service public bis au guichet : verra-t-on dans ce pays la file bretonne arriver plus vite au guichet que la file franco-française… ou l’inverse ?
Avec tout cela, nous nous dirigeons vers un Etat qui deviendrait un vaste supermarché et ceci dans le pays de l’égalité citoyenne… Belle tâche en vérité !
La procédure n’en étant qu’à son début, le Mouvement républicain et citoyen veut croire que le Sénat saura avoir plus de sagesse.