A plus d'un an de l'élection présidentielle de 2017, Jonas propose de devancer les thèmes de campagne. Proposition de quelques orientations brèves et synthétiques pour l'éclosion d'idées nouvelles.
Manifesto N°4
La défense de la République passe par de l’intransigeance et de la fermeté
A plus d’un an de l’élection présidentielle de 2017, Jonas propose de devancer les thèmes de campagne. Proposition de quelques orientations brèves et synthétiques pour l’éclosion d’idées nouvelles. Aujourd’hui, lundi 28 mars : « Pour une République intransigeante sur ses principes – chapitre 1, l’école ».
En France, la République considère les zones de non-droit et la poursuite de la fracture sociale comme inacceptables. Que ce soit dans la laïcité, l’éducation (1), le monde de l’entreprise (2), la justice (3)… La République considère tous les citoyens comme égaux en droits et en devoirs.
1. Cela commence à l’école : La laïcité, un droit non-négociable
Que ce soit dans les grandes, moyennes et petites communes, toute discrimination positive et tout relâchement dans le respect de la laïcité entraînent des inégalités. La laïcité est un principe moral ancré comme un pilier de la République. Défendre la laïcité ouverte (ou l’assouplissement de la laïcité) et la discrimination positive, pour satisfaire un électorat et s’autoproclamer défenseur des valeurs antiracistes, est dangereux. Il est d’ailleurs contre-productif. Non seulement, cela provoque une entaille à la méritocratie, puisque certaines populations, de certaines banlieues (ZEP), se sont vues une facilité à franchir les concours et examens par rapport à d’autres (comme si les campagnes n’avaient pas son lot de difficultés) mais cela crée, de fait, une division au sein de sa nation. La République étant normalement une et indivisible. Cette discrimination positive, voulue par Nicolas Sarkozy dans les années 2000, est directement inspirée des modèles anglo-saxons. Une tradition, contraire aux principes français d’égalité. En effet, la tradition française définit chaque individu, non pas, par son appartenance communautaire mais par sa citoyenneté. Le citoyen étant intégré dans un corps social unique, la République.
La critique est similaire pour la laïcité ouverte. Elle, aussi, fait la promotion de communautés où l’individu ne serait plus considéré comme, d’abord, Français, mais comme, d’abord, appartenant à une identité religieuse ou culturelle (qui peut, d’ailleurs, lui être imposée). La laïcité n’est pas simplement la loi 1905 séparant l’Etat et l’Eglise. Elle érige le principe que chaque individu ne doit pas faire prévaloir sa religion par rapport aux principes de la République. Ainsi, il ne viendrait pas à un chrétien de venir en classe en aube, ou arborant une croix de « croisés », l’école ne doit pas, non plus, tolérer le port du voile pour les jeunes filles intégrant un enseignement public. Il est de notoriété que certains directeurs et principaux d’établissement se retrouvent dépassés par certaines situations. Les réponses à l’eau tiède des pouvoirs publics contribuent à la mauvaise gestion des situations délicates : peur d’être taxés d’islamophobe, de raciste ou, au contraire, peur de représailles (ne pas faire de vagues). Le manque de fermeté vis-à-vis de certains comportements ont faibli les principes originels de la République.
Or, si la France veut faire sens commun, chose commune, le « Nous » (cher à Natacha Polony), l’école, à travers son enseignement et son autorité, doit être la même pour toutes et pour tous, sans distinction quelles que soient les différences ethniques et religieuses.
2. Combattre les inégalités par la réponse du « plus d’école »
Bien sûr, l’école française est devenue l’une des plus inégalitaires (rapports PISA et de l’OCDE). Elle entretient la reproduction sociale des différentes strates de la société. A cela, la France, depuis 1989, a choisi le modèle « pédagogiste », celui de l’élève comme le noyau central de l’éducation. Face aux difficultés, l’Etat a donc répondu par « il faut moins d’école. » Or, c’est bien l’inverse qui doit être préconisé pour combattre les inégalités devant le savoir. Grossièrement : il ne faut pas du « moins d’école » mais bien du « plus d’école. » C’est bien le savoir qui doit être mis au cœur de l’enseignement. Repenser à la hausse le nombre d’heures de français, d’histoire et de mathématiques est essentiel. Cela pour contribuer à ce que chaque élève puisse acquérir le minimum demandé pour faire de lui, un citoyen éclairé, un acteur majeur de sa propre vie de citoyen. Car la réforme du collège, voulue par le ministère de l’éducation , prolonge la réforme « pédagogiste » en réduisant le nombre d’heures de français, d’histoire, de mathématiques et rendant plus complexe le désir, pour l’élève, l’acquisition des connaissances en langue latine et grecque (matières considérées faussement comme trop élitistes). Cela fera l’objet d’un chapitre prochain mais remplacer ces matières fondamentales, par des hybrides (les EPI), a uniquement la vocation de considérer le professeur comme secondaire voire inutile. La tendance « pédagogiste » étant que l’élève doit avant tout s’épanouir lui-même. D’où cette phrase, plus que symbolique, de la prédicatrice Florence Robine, directrice de la DGESCO (direction générale de l’enseignement scolaire) : « On n’a pas forcément besoin d’un enseignant pour apprendre (…) Les élèves, dans certains cas, apprennent mieux en se parlant les uns les autres qu’en écoutant le professeur (sic). »
Comment combattre les problèmes d’orthographe, de compréhension du monde actuel, les différences de raisonnement entre les élèves si ceux-ci ne peuvent acquérir le savoir ? L’objectif peu pieux de notre société moderne étant clairement de créer du vide dans l’esprit de l’enfant pour le conditionner dans sa vie de consommateur. Principe totalement contraire à l’école républicaine. Ce système ne peut que reproduire les inégalités sociales : les enfants, issus de milieux favorisés, disposant déjà d’un capital culturel et financier, trouveront ce savoir à l’extérieur de l’école publique. Dans cette situation, la fracture sociale ne pourra que s’aggraver.
A contrario, il faut donner les moyens et les clés à chaque élève, peu importe le milieu social, d’obtenir un savoir égal, qui lui permette de raisonner, de comprendre le monde qui l’entoure, d’écrire et de s’exprimer. Inverser la pente « pédagogiste » est un enjeu essentiel : permettre au futur citoyen, issu d’une banlieue ZEP, issu d’une province rurale ou issu d’une ville moyenne ou grande, l’égalité devant un savoir rigoureux. Le « Nous », qui fait corps au sein de la République, peut être, ainsi retrouvé. Evidemment, les enfants issus de milieux sociaux aisés auront toujours un avantage. Mais, une école républicaine rigoureuse permettra, à chaque enfant, de lui donner la possibilité de gommer ces différences. Et peut-être que l’ascenseur social, dès lors, ne sera plus une exception…