C’est mon habitude de me situer hors des courants dominants et, parfois, à contre-courant. Le revers de la majorité présidentielle ne me plonge pas dans l’affliction et pourtant je ne puis me réjouir des succès de la coalition de gauche. D’un côté les dogmes obsolètes du libéralisme, quand les enjeux majeurs, démocratiques, sociaux et écologiques, appellent la maîtrise publique des moyens industriels, quand la société souffre du délitement des services publics, de santé, d’éducation et de sécurité. De l’autre, une gauche qui abandonne la laïcité par électoralisme, qui ne répond pas à la détresse des habitants des quartiers et des villes moyennes sinistrées, et qui accueille en son sein des courants obscurantistes. Les deux forces, Renaissance et NUPES, arrivées à égalité, 25,7 %, à l’issue du premier tour partagent la responsabilité de la progression de la troisième, l’extrême-droite, RN et Reconquête, qui pour la première fois totalisent 22,9% aux législatives. Le tout, sur fond d’abstention majoritaire, autant dire de catastrophe démocratique. D’un côté on s’est attaché, pendant cinq ans, réduire la politique à l’opposition Macron-Le Pen pour gagner la présidentielle, de l’autre Mélenchon a joué de toutes les ambiguïtés, faisant le lit du RN en soutenant les mouvements les plus confus et en prenant les mêmes positions sur l’Europe, pour finalement immoler la laïcité pour récupérer le vote musulman. Pis encore, plusieurs figures de la gauche déculpabilisent l’antisémitisme, au prétexte de l’anti-sionisme et franchement je ne puis me réjouir de leurs succès. La culture politique est à reconstruire quand les élections ne sont plus l’affaire des partis, mais celle de trois grandes entreprises de marketing électoral.